Doit-on mettre les accents sur les majuscules : vous avez encore des doutes ?
On vous met les points sur les i !
Aujourd’hui, attardons-nous un peu sur les règles typographiques. Prenons à tout hasard l’application d’une règle qui fait régulièrement débat.
L’accent doit-il coiffer les capitales ?
La faute au français ?
Il faut dire que le français se distingue aisément des autres langues en ponctuant régulièrement son vocabulaire de règles parfois contradictoires. Ce ne sont pas les dernières réformes académiques qui diront le contraire. Tantôt silencieux tantôt diphtongue, les accents ont la fâcheuse tendance à disparaître lorsqu’on les écrit en capitale. D’aucun diront que l’informatique fait décidément beaucoup de dégats. Oui mais pas que…
Un peu d’Histoire !
L’imprimerie de Gutenberg a peut-être révolutionné le monde de l’écriture, mais il a bien fallu normaliser le processus pour le rendre fonctionnel .
Pour les non initiés, sachez que l’imposition d’un texte imprimé se faisait il n’y a pas si longtemps au moyen de lettres en métal (alliage de plomb, étain et antimoine), dont la largeur de la pièce (chasse) correspondait à l’écart entre les lettres voisines et la hauteur devait être de taille fixe pour s’encastrer correctement sur la planche de montage.
Pour composer une page, il fallait alors récupérer chacune des pièces de métal pour les enchasser une à une, afin de former des mots, glyphes et espaces. L’établi dans lequel chaque pièce était rangée s’appelait une casse. Encore aujourd’hui nous appelons bas de casse une lettre minuscule, car placée en bas de l’établi pour être accessible ; les lettres majuscules deviennent quand à elle des capitales lorsqu’elles ne sont plus manuscrites.
Or nous n’étonnerons personne en affirmant que déjà à l’époque, les capitales étaient plus grandes que les bas de casse pour une pièce de même hauteur. Les voyelles accentuées, disposaient donc d’une place plus importante que leur version adulte, et s’étendaient sans que cela ne pose de difficulté au fabricant. Mais quand la capitale occupe déjà 90% de l’espace disponible, où mettre l’accent ?
Certaines pièces n’en comportaient tout simplement pas. L’accent était parfois ajouté à la main par le typographe. Pour d’autres polices, l’accent existait bien mais ne tenant pas sur la pièce, il se retrouvait soudé à celle-ci, ce qui le rendait très fragile. Une simple chute pouvait suffire à le briser, transformant la capitale accentuée, en capitale décoiffée. Et malgré tout, l’accent a survécu.
L’informatique c’est fantastique.
Des générations d’étudiants plus tard, les accents manquent parfois à l’appel lors des terribles dictées, mais nous savons pourtant, qu’au fin fond des cahiers de grammaire, une règle typographique subsiste encore, et attend patiemment le jour de son retour… La vie continue pourtant sans lui, à tel point qu’on en vient à douter de son utilité, n’est-ce pas trop fatiguant de venir taper le clavier ou la feuille, une énième fois d’un accent auquel personne ne fera attention ?
Et puis soyons francs, à l’air du numérique les claviers ne sont pas des plus arrangeant avec ces petites excentricités. Les machines à écrire et les premiers ordinateurs ne comportaient pas de capitale accentuée, car de conception anglo-saxonne. Et bien que l’informatique ait beaucoup évolué, il faut reconnaître que l’application des accents sur les majuscules est parfois complexe. C’est pourquoi nous pâtissons aujourd’hui de plusieurs générations de mauvaises habitudes…
Aussi mettons nous au diapason.
La Règle en clair
Le dictionnaire des règles orthographiques est on ne peut plus clair en ce qui concerne “l’accent sur les capitales, comme sur les bas de casse d’ailleurs :
- A pleine valeur orthographique
- Détermine la prononciation
- évite la confusion de sens de nombreux mots sur lesquels nous butons tous de temps à autres…”
L’Imprimerie Nationale, l’Académie Française, La Pléiade et j’en passe sont toutes du même avis : La capitale DOIT être accentuée.
Et puis sans paraître pédant, il faut admettre que le français est assez compliqué à l’écrit sans y ajouter de nouvelles exceptions. Les étrangers qui apprennent le français vous diront merci !
LE DEFIS EST-IL TROP ELEVE POUR VOUS ?