Picasso, l’expo qui vous réconcilie avec le musée d’Orsay

Après l’échec des dernières sorties d’Orsay, quel bonheur que cette exposition sur Picasso, évidement grand artiste bien que surcôté pour la raison qu’il légitime l’art contemporain en vogue (d’ailleurs nombre d’artistes ne sachant pas aligner correctement trois coups de pinceau n’hésitent pas à se revendiquer de lui). Bonheur pourquoi ? Tout simplement car l’œuvre du bonhomme dont tout le monde parle est sa période surréaliste de la grande seconde moitié de sa vie, vous savez celle avec les dames aux deux yeux du même côté, le nez piqué à l’opposé et la bouche sur le front. Cependant, si ce peintre s’est perdu dans son art, victime de son propre système, à répéter en boucle les mêmes personnages n’évoquant plus rien de par leur éloignement avec la réalité, il est un moment de sa vie bien moins visible aux yeux du commun des mortels, ce sont ses débuts dans la recherche de la représentation. Les débuts sont souvent les plus intéressants avec ce type d’artiste car ils ne sont pas ancrés dans la répétition implacable d’une manière de faire obsessionnelle et aliénante mais laissent place à un foisonnement vivant dans lequel la technique et le savoir faire académique le dispute à une certaine volonté d’expression libérée des contingences de l’excès performatif. Ce combat pénible qui s’engage dans l’âme du peintre est plus surement créateur de trouvailles que la méthodologie routinière dans laquelle, par facilité, il se laisse porter au fil du temps.

Picasso aime donc se perdre et se retrouver (jusqu’à finir par se perdre tout à fait) au cours de sa vie, apprenant les arcanes pour s’en séparer, y revenir plus tard et s’en défaire finalement. L’exposition Bleu et Rose nous montre les résultats des deux premières périodes artistiques de sa vie, les plus intéressantes selon moi.

La période Bleue

Une fois les études de Picasso terminées, son grand tableau achevé (science et charité, 1897), Picasso arrive à Paris et commence à se libérer des valeurs apprises à Barcelone. Cette période est teinté de mélancolie, j’ai du mal à définir les influences de l’artiste (Le Greco, Toulouse-Lautrec…). Le style s’éloigne de la peinture pour être plus illustratif, la couleur s’use en aplat, les figures sont très dessinées voir cerclées, les corps exagérés et l’anatomie forcée. Les thèmes sont encore très anciens, du temps ou la peinture ne racontait pas l’anecdote, le paysage ou le sujet (portrait, nature morte…). Nous voyons par exemple beaucoup de tableaux traitant du sacré comme des maternités ou bien celui intitulé « la vie » (le grand bleu juste à gauche là !).

La période Rose

Cette période se caractérise principalement par la recherche, les thèmes importent moins, c’est la forme qui prends le dessus. Des personnages émaciés de la période Bleue se succèdent tout un spectre allant du troubadour aux femmes se coiffant en passant par de jeunes êtres peints dans la nudité et la poussière d’ocres évoquants des vies primitives et ensoleillées comme la « jeune femme à la cruche » ou « les deux frères » (à gauche aussi, mais plus bas) . Cette période riche et pleine d’invention sera, comme on le sait, suivit d’une longue période d’un cubisme conventionnel et sans intérêt, que le temps va dépolir jusqu’à l’extinction.

Vous voici armés des quelques connaissances supplémentaires que les critiques craintifs à la plume censurée de snobisme Parisien ne vous donneront pas, Bonne expo !

Exposition du 18 septembre 2018 au 6 janvier 2019
Musée d’Orsay
1 Rue de la Légion d’Honneur
75007 PARIS

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