Xavier Valls à l’institut Cervantès
Je viens de visiter une exposition de Xavier Valls pour laquelle n’est faite aucune publicité, dans un lieu inconnu, en plein coeur de Paris : j’ai nommé l’Institut Cervantès. Nous ne ferons pas de politique ici, même si ce peintre se trouve être le père de notre ancien premier ministre. Ce détail sans importance étant mentionné, parlons peinture !


Passons rapidement sur l’exposition qui est très bien réalisée dans un lieu spacieux et lumineux ! Une trentaine de tableaux y sont accrochés à bonne hauteur, la chronologie est respecté… bref, tous ces petits riens qui savent vous gâcher le plaisir ne sont pas au rendez-vous.
Concernant le choix des tableaux, la diversité du peintre est bien représentée. Nous y voyons ses paysages parisiens qui ont eu un certain succès et qui rappellent les peintres néo-impressionnistes par leur touche légère, leur palette claire et la place prépondérante donnée aux espaces. En ce qui me concerne je trouve ça un peu décoratif, même si je reconnais tout à fait le charme intrinsèque de cette technique. Il s’y trouve aussi des portraits très éthérés, dans un style Balthuséen, ce qui n’est guère étonnant étant donnée la contemporanéité des deux peintres. Quelques intérieurs et natures mortes viennent compléter cet ensemble harmonieux. A la différence de Vermeer dans les scènes d’intérieur, de Chardin dans les natures mortes ou de Velasquez dans le portrait, Valls ne s’est pas cantonné à un type précis mais s’est plutôt baladé dans le prisme des sujets historiques permis par la peinture occidentale.
La rareté de la peinture de Valls, ce qui fait de lui un vrai peintre : c’est la recréation d’un univers qui lui est entièrement personnel. Loin des représentations actuelles, qui confondent trop souvent reproduction et représentation, ce peintre nous transporte dans une réalité éloignée de la vision photographique qui sévit ces derniers temps. Ainsi, dans ses natures mortes, ses thèmes les plus peaufinés, cette impression de suspension temporelle qui nous saisie est amenée par l’aspect fantomatique de ces objets tout inondés de lumière, aux ombres délavées, aux contours à peine suggérés.
Ne faisons pas l’économie de ce genre de peintre, rare en ces jours troubles du début du siècle. Xavier Valls, au bord de sombrer dans l’anonymat le plus parfait, se découvre à peine et se doit d’être saisi par tout contemplatif en manque d’activités.
À bon entendeur :
Exposition du jeudi 17 janvier au vendredi 22 mars
Institut Cervantès
7, Rue Quentin Bauchart 75008 Paris